Nature Canada

Le gouvernement annonce que 27 îles à l’extérieur de Montréal deviendront des aires protégées

Le gouvernement annonce que 27 îles à l’extérieur de Montréal qui servent d’habitat pour les oiseaux deviendront des aires protégées — Un petit pas dans le cadre du défi plus vaste de préservation de la nature

Environnement et Changement climatique Canada a annoncé qu’il protègera 27 petites îles du Saint-Laurent entre Montréal et Trois-Rivières, au Québec. Les écosystèmes de ces îles du Saint-Laurent, situées près d’une des villes les plus densément peuplées du Canada, favorisent la vie des oiseaux, mais font aussi face à de nombreux risques environnementaux.

Qu’est-ce que cela signifie pour la nature?

Le Saint-Laurent est le plus grand fleuve d’Amérique du Nord, devançant quelque peu le Mississippi, lorsque considéré sous l’angle du volume d’eau débité. De Kingston, à l’extrémité est du lac Ontario, jusqu’à Sept-Îles, dans le golfe du Saint-Laurent au Québec, il draine près d’un million de kilomètres carrés de terres.

Les humains y occupent aussi une très grande place. Environ 30 millions de personnes vivent dans le bassin des Grands Lacs. Montréal, dont la population s’élève à quelque 3,5 millions d’habitants, est le plus grand centre urbain jouxtant le Saint-Laurent. La ville est sise sur une série d’îles près du confluent du Saint-Laurent et de la rivière des Outaouais.

Ces îles entourées des eaux riches en nutriments du Saint-Laurent offrent un habitat propice à la vie des oiseaux, des poissons et d’autres espèces fauniques. La région métropolitaine de Montréal compte huit zones importantes pour la conservation des oiseaux et de la biodiversité (ZICO) qui fournissent un milieu de vie favorable à un grand nombre de sauvagines et à plusieurs colonies d’oiseaux.

L’annonce d’Environnement et Changement climatique Canada comprend la protection d’un ensemble de 27 îles dont la superficie totale s’élève à 800 hectares.

Les îles du Saint-Laurent situées du côté nord-est de Montréal qui bénéficieront de la protection comprennent les îles de Varennes et de Verchères, ainsi que les îles de Boucherville.

De ces îles, une seule est actuellement une ZICO, mais, ensemble, elles soutiennent des populations d’espèces en péril parmi lesquelles figurent le Hibou des marais, l’Hirondelle de rivage, le Petit Blongios et le Goglu des prés.

Plus loin en aval, le Saint-Laurent s’élargit dans le lac Saint-Pierre. Sept des îles formant un archipel à l’entrée du lac sont visées par la proposition d’Environnement et Changement climatique Canada.

La région du lac Saint-Pierre comprend quatre ZICO reconnues. Ces aires sont importantes pour les sauvagines comme l’Oie des neiges, la Bernache du Canada et la Macreuse à bec jaune, ainsi que pour des espèces en péril comme le Petit Blongios et le Quiscale rouilleux. Une des plus importantes colonies de Grands Hérons en Amérique du Nord est installée sur la Grande île, désignée réserve naturelle provinciale. Il n’a pas été précisé si les nouvelles aires engloberont ou chevaucheront les ZICO existantes.

Notre point de vue relativement à cette annonce

L’organisme Nature Canada se réjouit de cette annonce et des progrès initiaux du gouvernement en ce qui a trait à la protection d’aires importantes. Malheureusement, il ne s’agit que d’un élément de l’équation; il faut faire encore plus pour protéger la faune de ces îles contre une multitude de menaces et pour restaurer l’écosystème environnant.

La voie maritime du Saint-Laurent qui longe ces nouvelles aires protégées est un important chenal de navigation. En 2018, on a observé 4 389 passages de navires qui ont transporté, entre autres, 3 210 848 tonnes de produits pétroliers et 839 210 tonnes de produits chimiques.

Le maintien de la navigation dans le lac Saint-Pierre exige la recherche de solutions à un certain nombre de problèmes urgents qui déstabilisent l’écologie de cette nappe d’eau.

L’un de ces problèmes est celui du dragage des sédiments pour maintenir ouverte la voie maritime afin d’assurer la circulation sécuritaire des navires. Cette pratique a endommagé et détruit l’habitat des poissons et des mollusques, et a entraîné le rejet dans l’eau de produits chimiques et de métaux lourds en quantités excédant les limites sécuritaires. Ces produits chimiques pénètrent dans la chaîne alimentaire, et aboutissent dans le corps des oiseaux, des poissons et des humains.

En raison de l’activité agricole intensive dans la région du lac Saint-Pierre, des engrais et d’autres produits chimiques sont rejetés dans les nombreux affluents du lac, causant de graves problèmes de pollution. Le drainage de terres humides autour du lac a également occasionné la perte d’habitats.

De toute évidence, la protection d’un groupe de petites îles dans cette partie du Saint-Laurent représente un petit pas vers la préservation de la biodiversité. Par ailleurs, il faut que tous les ordres de gouvernement, les ONG et le secteur privé intensifient leurs efforts en vue de résoudre les grands problèmes contextuels afin de permettre à la création annoncée de nouvelles réserves fauniques nationales de produire un impact positif à long terme.

Voulez-vous aider?

La nature sauvage du Canada fait l’envie du monde entier. C’est notre devoir de garder notre pays fort et vert.

Donate